C’est une petite révolution qui s’opère pour cette 23ème édition du Grand Prix Lycéen des Compositeurs. En effet, les six compositeurs en lice cette année ont été retenus grâce aux nouveaux critères de sélection. Désormais, tout enregistrement discographique, radiophonique ou numérique est accepté afin d’accueillir une plus large diversité de profils et d’esthétiques. Les compositeurs doivent également candidater et constituer un dossier soumettant la pièce de leur choix, et il est attendu dès cette étape un engagement concret des candidats dans le dispositif. Enfin, le Comité de sélection, élargi à 17 membres, a procédé aux écoutes des œuvres candidates à l’aveugle, afin d’assurer neutralité et objectivité dans son choix.
La sélection ainsi définie présente pour la première fois deux compositrices (une petite victoire qui demande à être confortée pour assurer une véritable parité) et aucun ancien participant au GPLC, tout en assurant une vraie diversité de parcours, de langages et d’âges. Avec une ligne de convergence assez étonnante entre toutes les pièces : le rapport au passé (à travers l’instrument, la tradition, l’héritage d’un répertoire) et à la mémoire (le souvenir, la trace, l’hommage). Tenant compte des intérêts pédagogiques de chaque pièce, cette sélection ne manquera pas de susciter surprise, étonnement et débat. C’est l’essence du GPLC qui est ainsi revitalisée par cette évolution : ouvrir l’écoute, élargir la sensibilité et éveiller la curiosité des jeunes pour le répertoire contemporain, dans un rapport sans cesse requestionné au monde et à la création.
L’équipe du GPLC
Le Comité de sélection du 23ème Grand Prix Lycéen des Compositeurs s’est réuni le jeudi 9 septembre 2021 dans les locaux de la Maison de la Musique Contemporaine. Il était composé de :
Textes de Thomas Vergracht
Œuvre sélectionnée : Carcere Oscura pour accordéon et quintette à cordes (2 violons, alto, violoncelle et contrebasse)
Durée : 6’51
Année de composition : 2019
Création : 25 janvier 2020 par Félicien Brut (accordéon), Quatuor Hermès et Edouard Macarez (contrebasse)
Commanditaire : Félicien Brut
Enregistrement : Mai 2020 à Saint-Marcel (36)
Interprètes de l’enregistrement : Félicien Brut (accordéon), Quatuor Hermès et Edouard Macarez (contrebasse)
Partition : Inédite
Diffusion : Label Mirare (CD MIR542 Neuf de Félicien Brut ©℗ Mirare 2020).
Pompompompom ! Cela vous dit quelque chose ? Mais si enfin, voyons…la 5e symphonie de Ludwig van Beethoven ! Et ça tombe bien, car dans la « prison obscure » de Fabien Waksman, cette musique tourne en boucle à vous rendre fou.
Carcere Oscura part d’une image forte. Le génie Beethoven, enfermé dans sa surdité, combattant ses démons autant que luttant de toutes ses forces pour trouver un biais, une échappatoire à ce malheur. Cette prison est le monde, un Purgatoire façon Dante, qui a évoqué à Fabien Waksman la gravure de Piranese décrivant une « prison obscure ». Des murs immenses, une poulie et une lanterne accrochés au sommet de cette crypte, comme un encensoir monstrueux dans un temple maudit.
Qu’entend-on au loin dans cet obscur royaume ? Les quatre coups beethoveniens pardi ! Cela tourne, comme une folie, une obsession unificatrice durant ces sept minutes de musique d’où l’on sort harassé, presque avec un point de côté. Fabien Waksman écrit dans cette pièce une véritable course à l’abîme, où l’on aperçoit la silhouette échevelée du grand Ludwig, courir dans le labyrinthe de ce monde obscur qu’il n’entend plus, se réfugiant ainsi dans la jungle de son ultra-moderne solitude intérieure.
L’œuvre est haletante, aux dimensions orchestrales. Un quintette à cordes (de l’épaisseur des deux violons aux tréfonds de la contrebasse) se mêle aux sonorités tantôt rugueuses, tantôt fantomatiques d’un accordéon qui évoque un univers froid et sombre de polar, où l’on espère bien trouver la sortie des Enfers de cette « prison obscure ».
Né à Roubaix et pianiste de formation, Fabien Waksman étudie au Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse (CNSMD) de Paris, où il est notamment l’élève de Jean-François Zygel (harmonie), Thierry Escaich (fugue) et Michèle Reverdy (orchestration). Parallèlement, il reçoit les conseils en composition de Guillaume Connesson.
Fabien Waksman puise son inspiration dans d’autres arts tels que la peinture, la littérature et la poésie mais aussi dans la science.
Enfant, il se rêvait astrophysicien et se passionne pour la cosmologie, comme en témoigne ses nombreuses œuvres relatives au cosmos et à l’astronomie. Son écriture affirme son attrait pour le lyrisme et la mélodie, et repose souvent sur des répétitions de courts motifs variés ainsi que sur une rythmique dynamique et incisive. Sa musique rappelle ainsi la liberté et le pouvoir évocateur de Debussy, les couleurs orchestrales de Stravinsky et la puissance rythmique de Bartok.
Pédagogue, après avoir été professeur au Conservatoire à Rayonnement Régional de Strasbourg, Fabien Waksman enseigne l’harmonie au CNSMD de Paris.
Œuvre sélectionnée : Souvenirs, Fictions pour sept interprètes (musiciens et performers) et bande
Durée : 6’47 soit trois mouvements : 1. Un village dans les montagnes de Granada, avril 2011 ; 2. Plages d’Andalousie, années 1990-2010 ; 3. Centre Hospitalier Universitaire d’Angers, février 2016.
Années de composition : 2019-2020
Création : 23 février 2020 à Radio France (Paris) par l’Ensemble Soundinitiative
Commanditaire : Radio France
Enregistrement : 16 décembre 2019 à La Seine Musicale (Boulogne-Billancourt) par France Musique
Interprètes de l’enregistrement : Ensemble Soundinitiative
Partition : Inédite
Diffusion : Création Mondiale (France Musique)
N’avez-vous jamais rêvé… de revivre certains de vos souvenirs ? D’être plongé en mode retour vers le futur, non pas vers un moment, mais vers une sensation ?
Car entre nous, il ne manque plus que la vue et l’odorat pour compléter les Souvenirs, Fictions du compositeur espagnol Alvaro Martinez Leon. En trois petits moments qui sont autant de scènes de théâtre de tréteaux 2.0, le compositeur nous invite à un moment suspendu et plein d’interrogations entre réalité et imaginaire.
Acte un. La scène se passe dans un petit village, en Andalousie, dans les montagnes entre Almeria et Grenade. Dans le souvenir d’Alvaro Martinez Leon, nous sommes en 2011. Une fanfare de musiciens amateur joue (ou plutôt tente) d’interpréter l’hymne espagnol. A l’époque, la Catalogne réfléchit pour partie à son éventuelle indépendance, sur fond de crise économique. Comment une simple mélodie (même totalement massacrée !) peut-elle créer une union et fédérer un peuple ?
Acte deux. Une plage d’Andalousie 1990-2010. On y entend le balancement chaloupé d’un rythme de reggaeton. Omniprésent dans notre société, ce rythme est aussi synonyme de musique « sexuelle », et normée en mode cadenas de conventions.
Le parallèle entre société et environnement sonore se fait encore dans le troisième acte de nos souvenirs. Une chambre d’hôpital du CHU d’Angers. Au chevet d’un être cher, le compositeur se demande bien quelle est la limite entre monde de la santé et environnement économique.
Ces Souvenirs, Fictions nous invitent donc à entendre le bruit du monde, à s’interroger, et on en sort d’ailleurs tout troublé…
Guitariste de flamenco formé à Madrid (Espagne), Alvaro Martinez Leon joue, chante et compose dans le milieu des musiques du monde avant son arrivée à Paris en 2004. Il y étudie l’orchestration avec Guillaume Connesson, découvre la composition contemporaine avec Philippe Leroux et l’électroacoustique avec Gilles Racot. Il complète son parcours par la direction d’orchestre au Conservatoire de Lugano en Suisse.
Alvaro Martinez Leon se passionne pour le son qui nous entoure, la sociologie du son et les sciences cognitives telles que l’anthropologie et l’éthologie. Porté par un goût prononcé pour le performance art, il bouscule les dispositions scéniques conventionnelles, scénographie la mise en espace des musiciens et du public et propose des expériences multisensorielles et participatives.
Il s’intéresse aussi aux accents et à la musicalité des langues, explore les voix et les corps dans toutes leurs capacités et mêlent souvent professionnels et amateurs dans ses projets.
Alvaro Martinez Leon dirige le collectif d’artistes Trafic avec la pianiste et soundpainter Beatriz Franco. Il est aussi chef de chœur et d’orchestre auprès d’amateurs et dirige un répertoire allant des chansons du monde aux œuvres classiques sacrées.
Œuvre sélectionnée : I nalt be clode on the frolt pour soprano et ensemble (flûte, hautbois, clarinette, percussion, piano, harpe, violon, alto, violoncelle)
Durée : 7’34 soit trois mouvements : 1. Cherche titre ; 2. Cherche femme ; 4. Vends maison
Année de composition : 2018
Création : 19 mai 2018 à Radio France (Paris) par Marion Tassou (soprano) et l'Ensemble l’Instant Donné
Commanditaires : Radio France et l’Ensemble l'Instant Donné
Enregistrement : 17 mars 2021 à Radio France par France Musique
Interprètes de l’enregistrement : Marion Tassou (soprano) et l'Ensemble l’Instant Donné
Partition : Inédite
Diffusion : Création Mondiale et Concert du soir (France Musique)
« I nalt be clode on the frolt ». Vous savez ce que ça veut dire ? Vous êtes bon en anglais ? Sûrs ?
En réalité, vous pouvez toujours chercher, cette phrase de titre est un filtre, un filtre en yaourt bulgare pourrait-on dire, souvenir lointain d’une chanson entendue enfant par le personnage principal imaginaire de ces chansons pour soprano et ensemble. Il cherche le titre, se remémore des bribes de texte…en phonétique bien entendu !
C’est là tout le sel de la musique de Mikel Urquiza pour ses courtes pièces. Le filtre d’un souvenir passé au tamis d’un humour ravageur. Une définition en forme de maxime, qui n’est pas sans rappeler l’univers de son maître Gérard Pesson, à qui la pièce est d’ailleurs dédiée.
Dans ses chansons, Mikel Urquiza imagine des personnages, et des atmosphères à la fois variées, et au raffinement d’écriture constant. Après avoir cherché le titre d’une chanson…notre héros…cherche une femme ! Mais loin d’adopter la première venue, l’annonce s’avère précise ! D’abord « douce, gentille, belle, non-fumeuse et pas alcoolique », la future dulcinée du héros ne devra « pas (être) en pantalon sept jour sept », mais surtout, et là c’est à l’impératif : « grosse poitrine obligatoire » ! Il y a des impératifs, et celui du machisme en est un !
Après avoir trouvé une femme…on veut une maison pour l’installer à l’intérieur non ? « Vends maison » est une parodie acide encore une fois, au jazz grinçant et acerbe.
La musique de Mikel Urquiza est drôle et au second degré, pour nous inviter à voir plus loin que la double barre.
Né à Bilbao (Espagne), accordéoniste de formation, Mikel Urquiza étudie la composition à Musikene, l’École supérieure de musique du Pays basque espagnol à San Sebastian, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse (CNSMD) de Paris avec Gérard Pesson. Il participe à l’Académie Voix Nouvelles de Royaumont et poursuit ses recherches musicales en tant que pensionnaire à la Villa Médicis.
Son intérêt pour les interactions entre musique et mémoire l’oriente vers un doctorat SACRe (Sciences, Arts, Création, Recherche). Compositeur épris de légèreté, d’inventivité, de fantaisie et d’humour, Mikel Urquiza s’amuse des clichés, flirte avec le burlesque et compose des musiques aériennes où chaque intention est pensée avec efficacité vers une finalité sonore.
Ayant pratiqué le chant choral dans son enfance, Mikel Urquiza reste très attaché à la voix et porte une attention particulière au texte, chantant sa musique avant de la transcrire. Les titres de ses œuvres sont le reflet de son polyglottisme et de ses diverses inspirations puisées dans la littérature et les arts plastiques. Son catalogue s’adresse à tous types d’effectifs, de l’instrument seul à l’orchestre.
Œuvre sélectionnée : Fantaisie Toccata pour piano à 4 mains
Durée : 5’57
Année de composition : 2015
Création : 24 avril 2015 au Festival Le Printemps Musical des Alizés (Essaouira, Maroc) par Dina Bensaïd et Joseph Birnbaum (piano)
Commanditaire : Festival Printemps Musical des Alizés
Enregistrement : 3 mars 2021 au Studio Sequenza de Montreuil
Interprètes de l’enregistrement : Maria Perrotta et Xenia Maliarevitch (piano - Ensemble Calliopée)
Partition : Klarthe
Diffusion : Label Arion Music (CD ARN68846 Graciane Finzi – Et si tout recommençait… de l'Ensemble Calliopée ℗ Arion 2021)
Avec l’aimable autorisation de Arion Music, Paris, France.
Le début est haletant. Presque comme un film. On pressent un sentiment. Les octaves s’ajoutent, et les harmonies s’enrichissent.
On pense aux émotions des salles obscures à l’écoute de la Fantaisie Toccata de Graciane Finzi. Une pièce où le souffle semble ininterrompu et les ruptures comme une habitude. C’est presque si l’on voyait se dessiner en ombre chinoise des petits personnages à la Buster Keaton. Les deux pianistes font en effet naître tout un monde pas si lointain dans cette étourdissante furia, aux airs d’improvisation.
Le déluge continue, l’énergie s’amoncelle. En blocs, en fusées, en rais de lumières blanches et noires. Les basses répétées se multiplient, deviennent une matrice, un souffle court, et pourtant sans cesse renouvelé. Le langage toujours libre et insaisissable de Graciane Finzi en fait un objet musical que l’on se prend en pleine face, comme une décharge électrique.
Même le passage lent central semble en surtension, comme un arc lumineux et vibrant tendu au-dessus d’une immensité noire comme un organisme grouillant.
Ici tout est geste, le rythme prime, l’énergie débridée irrigue cette partition que la compositrice a conçu comme un voyage : On y croise autant des « fileuses » organistiques que des « grooves » façon Steve Reich, ou des rythmes gnaouas rapportés du Maroc, qui finissent par imploser dans une péroraison finale qui s’apparente à une super-strette [partie qui annonce la conclusion d'une fugue et où le motif est rappelé et resserré, ndlr].
Classique explosif.
Née à Casablanca (Maroc) dans une famille de musiciens, Graciane Finzi étudie au conservatoire de Casablanca puis au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse (CNSMD) de Paris où elle obtient de nombreux prix dont ceux d'harmonie, de contrepoint, de fugue et de composition. En 1979, elle est nommée Professeur de formation musicale pour chanteurs au CNSMD de Paris.
Titulaire de plusieurs prix, Graciane Finzi est jouée par des formations françaises et étrangères prestigieuses. Son catalogue, qui comporte plus d'une centaine d'œuvres et sept opéras, exploite toutes les formations et tous les instruments, qu'il s'agisse d'orchestres ou de solistes, tout en tenant compte de leur individualité.
Dans un langage moderne utilisant harmonie et chromatisme hors de la tonalité, Graciane Finzi établit des pôles d'attraction entre les notes. Cette approche sensible guide la compréhension d'une musique jamais abstraite car visant l'expression immédiate de la vie et des sentiments profonds de l'homme.
Œuvre sélectionnée : Mythe pour violoncelle et orchestre
Durée : 9’59 soit 4 mouvements (1,3,4 et 5)
Années de composition : 2019-2020
Création : 15 avril 2021 au Centre des bords de Marne - Le Perreux-sur-Marne par Victor Julien-Laferrière (violoncelle) et l’Orchestre national d’Île-de-France sous la direction de Léo Warynski
Commanditaires : Orchestre national d’Île-de-France et Radio France
Enregistrement : 15 avril 2021 au Centre des bords de Marne - Le Perreux-sur-Marne par France Musique
Interprètes de l’enregistrement : Victor Julien-Laferrière (violoncelle) et l’Orchestre national d’Île-de-France sous la direction de Léo Warynski
Partition : Durand-Salabert-Eschig
Diffusion : Création Mondiale (France Musique)
Cthulhu : Monstre imaginé par le romancier H.P. Lovecraft. La créature est une savante combinaison entre une pieuvre, un dragon et un être humain. Le seul fait de l’observer peut conduire à la folie. Cet être antique et d’une autre dimension attendrait d’être libéré, par mégarde, sur Terre…
Mythe de Julien Giraudet est une incantation. Une incantation pour violoncelle et orchestre où l’on croise Cthulhu, le héros de Lovecraft dont la vision de poulpe horrifique semble hanter la partition. Les tentacules du monstre se déploient dans un univers onirique, où l’orchestre agit comme un organisme rampant, évoluant en entourant le soliste d’une masse tantôt informe, tantôt dans l’éther.
L’orchestre se transforme, devient un être vivant qui se met même à parler ! Des rythmes obsessionnels, obstinés, qui évoquent même certaines musiques traditionnelles. Un rite de magie noire. Puis tout repart, en creux, en pleins et en déliés. Séries de vagues et de houles qui semblent se briser. Enfin, une trompette bouchée pointe le bout de son pavillon, façon question sans réponse. Ce qui arrivera après ? Eh bien ce sera de nouveau le déluge virtuose d’une coda tourmentée, qui emportera définitivement l’auditeur vers les abysses lovecraftiennes.
Pour son concerto, Giraudet, fan de musiques de film et de jeux vidéos, convoque autant l’inspiration sardonique de Dmitri Chostakovitch, que celle luxuriante et lyrique de Guillaume Connesson. Les esprits planent sur la partition, pour aller à la rencontre du monstre, et plonger ainsi dans l’abîme.
Violoniste et harpiste formé au Conservatoire du Havre, Julien Giraudet étudie l’écriture et l’orchestration au Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris. Il entre ensuite au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse (CNSMD) de Paris, notamment dans les classes de Jean-François Zygel et Thierry Escaich.
Passionné par la bande dessinée et les jeux vidéo, Julien Giraudet intègre la SÉGA, Société des Écrituristes Gamers et Arrangeurs. Il rejoint également Pixelophonia, un orchestre symphonique vidéo-ludique composé d’anciens élèves du CNSMD de Paris et consacré exclusivement à la musique de jeux vidéo. Harpiste dans cette formation, il y arrange et orchestre de nombreuses pièces.
Julien Giraudet apprécie particulièrement de composer pour la formation orchestrale, mais écrit également de la musique de chambre ainsi que des musiques pour des courts-métrages.
Mythe pour violoncelle et orchestre a remporté le concours Île de créations 2021.
Œuvre sélectionnée : Iridescences pour théorbe et électronique
Durée : 9’45 soit 4 mouvements (1,2,3 et 5)
Année de composition : 2020
Création : 5 octobre 2020 à Radio France (Paris) par Caroline Delume (théorbe)
Commanditaire : Radio France
Enregistrement : semaine du 7 septembre 2020 à Radio France par France Musique
Interprètes de l’enregistrement : Caroline Delume (théorbe)
Partition : BabelScores
Diffusion : Création Mondiale (France Musique)
Un chemin sinueux pavé de teintes changeantes.
L’iridescence, c’est le fait qu’un organisme puisse changer sa couleur en fonction de la lumière ou de l’endroit sur lequel le regard se pose. C’est le cas de certains insectes ou d’espèces particulières de papillons.
On pense d’ailleurs presque à un véritable animal géant lorsque l’on découvre un théorbe. Un manche à la longueur interminable sur lequel sont disposés deux rangs de cordes, dont l’un est en suspension au-dessus du vide. Zoomorphe par son enveloppe entre carapace de tortue et coque de bateau à l’extrême raffinement, le théorbe offre non pas un terrain de jeu, mais tout un univers à Pascale Jakubowski, qui allie les sonorités ancestrales de l’instrument à une électronique pléthorique.
Cela part d’un son grave, tout empli d’harmoniques. C’est ce que la compositrice affectionne. Ces graves qui contiennent toute la musique elle-même. De là émergent des couleurs fantasmagoriques et des guirlandes mélodiques impalpables. Un paysage choisi dont l’origine n’est autre que… visuelle.
Un beau jour, Caroline Delume, la future interprète de l’œuvre, découvre une photographie prise par la compositrice d’un paysage immense, le matin, derrière la brume et un soleil rasant. Nous étions au cœur du Parc naturel régional du Pilat. L’atmosphère y était aérienne, atmosphérique et entre les mondes. Iridescences est une œuvre où les couleurs se croisent, les effets étourdissent, et où le théorbe, comme un coléoptère à la carapace multicolore se métamorphose.
La lumière devient elle-même l’instrument.
Née à Sétif (Algérie), Pascale Jakubowski fait ses études musicales en France. Elle poursuit un double cursus – piano puis clarinette – auquel s’ajoute bientôt le chant. Elle écrit depuis plusieurs années déjà des œuvres dont elle est fréquemment l'interprète, lorsqu'elle entreprend de suivre, en 1986, des cours d'harmonie, de composition électroacoustique et d'analyse musicale au Conservatoire National de Région de Bordeaux.
Dès ses débuts, elle se nourrit de la pratique conjointe de la composition et de l'expérimentation interdisciplinaire, qui lui vaut de travailler fréquemment en étroite relation avec des artistes et des scientifiques. La littérature et les musiques du monde ont toujours profondément nourri sa réflexion. Elle compose pour tout type d'effectifs, de l'instrument seul à l'orchestre, sans oublier la voix. Pascale Jakubowski a occupé diverses fonctions dans le domaine de l’enseignement.
Depuis 2007, elle est professeur d’analyse et de composition au Conservatoire à Rayonnement Régional de Saint-Étienne et chargée de cours à l'Université Jean Monnet.