Le Grand Prix Lycéen des Compositeurs est devenu, au fil des ans, un événement attendu et applaudi dans le paysage musical français. Le jour de sa proclamation est vécu comme une fête nationale de la musique contemporaine, qui réunit dans un lieu emblématique des centaines de lycéens, de professeurs, de musiciens, d’éditeurs, de représentants des grandes institutions de diffusion musicale, de représentants du mécénat musical sous toutes ses formes, dans une ambiance festive. Le Grand Prix Lycéen des Compositeurs n'est pas que cela mais, il faut le souligner, la musique contemporaine peut être ainsi célébrée. L’essentiel est cependant moins visible. Il se déroule dans des salles de classe de près d’une centaine de lycées, là où les lycéens écoutent, discutent, apprécient (ou pas), font travailler leur esprit critique — car ils produisent des textes, témoins de leur approche de ces œuvres parfois si nouvelles qu’ils viennent de découvrir. Et certains d’entre eux auront rencontré des compositeurs, des vrais, des gens de métier, peut-être étonnés que cette profession méconnue existe toujours dans un paysage culturel où elle est trop peu connue et reconnue. Au cours de ces conversations toujours passionnantes, ils auront pu appréhender quelque chose du travail créatif, et de la place du musicien dans la cité.
La sélection 2019 est très diverse, comme chaque année. Variée en effectif, du récital au grand orchestre ; variée en esthétiques différentes mais toutes personnelles et sans concession ni facilité. Une telle diversité, constatée chaque année, représente certes une difficulté mais elle est aussi la règle nécessaire pour faire appréhender aux lycéens l’immense foisonnement de la musique d’aujourd’hui.
Jacques Bonnaure
Le Comité de sélection du 20ème Grand Prix Lycéen des Compositeurs s’est réuni le mercredi 12 septembre 2018 dans les locaux de Musique Nouvelle en Liberté ; il était composé de :
Textes de Jacques Bonnaure
Œuvre sélectionnée : Trio pour violon, violoncelle et piano
Année de composition : 2014
Création : Le 6 juin 2014, au Temple de l'Oratoire du Louvre (Paris), par le Trio Suyana
Interprètes : Marc Vieillefon (violon), Cédric Conchon (violoncelle) et Guillaume Vincent (piano)
Disque : Livre I
Label : Fondamenta (FON 1802031)
Plage : n°1
Partition : Inédite
Commande du Trio Suyana
Avec le soutien de : Adami, SCPP, FCM et MFA
« Dès les premières notes du trio, l’évidence est à l’abordage. Ce sera un massacre. Le piano, massif et autoritaire, se fait cisailler par des cordes à couteaux tirés. On comprend vite : clarté formelle pour un matériau excessif, baroque en diable. Grinçant et abyssal. Qu’est ce que ce trio, sinon les terreurs nocturnes du Petit Poucet ? Je me suis souvent demandé ce qu’il pouvait bien faire, celui-là, une fois réchappé à l’ogre et devenu, paraît-il messager du roi (…). L’œuvre de Matton est un manifeste. Celui-ci nous dit : « Tous les grincements de dents (…) sont salutaires » (Anton Ljuvjine). La musique de Jules Matton s’inscrit dans un courant de la musique d’aujourd’hui que l’on a qualifié (un peu vite) de « néo-tonal » mais cette persistance effective d’une pensée harmonique bien perceptible ne suffit pas à en caractériser la personnalité profonde, faite d’une expressivité à fleur de peau, d’une violence extrême canalisée par un sens de la forme très affûté qui n’égare pas l’auditeur en chemin.
Formé à l’école russe dans la classe de Valery Sigalevitch, Jules Matton poursuit ses études de piano jusqu’à l’obtention de son Prix en 2007. Par la suite, et en parallèle de ses études de composition, harmonie, contrepoint et orchestration, il entreprend des études de philosophie à l’Institut Catholique de Paris où il obtient sa Licence en 2010.
Diplômé de la Juilliard School of Music and Dance de New York en 2013, Jules Matton est rapidement repéré par John Corigliano, qui souligne le « talent remarquable, à la technique impeccable » de son élève. Jules Matton sera ainsi plusieurs fois salué pour son travail : il est notamment Lauréat de la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet, de la Bourse d’Excellence de l’Institut Catholique de Paris, ainsi que de la Fondation d’entreprise Banque Populaire. Il reçoit également le Prix du public du concours Île de Créations 2017. Il s’attire la sympathie de ses aînés, dont Thierry Escaich, Philippe Hersant, Nicolas Bacri et Richard Dubugnon. Il se produit dans des festivals tels Les Vacances de Monsieur Haydn, le Festival européen Jeunes Talents ou encore le Centre de Musique de Chambre de Paris, et travaille avec de nombreux musiciens et ensembles.
À l’automne 2017, Jules Matton devient artiste associé du Théâtre Impérial de Compiègne. Après la création de son Quatuor à cordes par le Quatuor Debussy, son premier opéra – L’Odyssée – y est créé en avril 2018. En 2019, Jules Matton sera compositeur invité de l’Opus 39 du Festival d’Auvers-sur-Oise.
Œuvre sélectionnée : Les Spirituelles : VI, VII et VIII, pour quatre voix de femmes
Année de composition : 2015
Création : Le 28 février 2017, à Saint-Jacques-de-Muret, par le Quatuor Vocal Méliades
Interprètes: Quatuor Vocal Méliades
Disque : Les Spirituelles/Cantique des cantiques
Label : Ad Vitam Records (AV 180315)
Plages : n°6, 7 et 8
Partition : Association Alcmène
Commande du Quatuor Vocal Méliades
Avec le soutien de l'Association Alcmène et de l'Arche musicale
Les Spirituelles réunissent onze poèmes de femmes remarquables de l’Antiquité à notre temps, dans les langues d’origine. Les voix a cappella de quatre femmes s’y entremêlent, tissent une trame serrée et toujours changeante, autour d’un texte reflétant les aspirations de l’auteure. Trois extraits ont été choisis : « Ich denke dein », un poème très caractéristique du romantisme allemand, de Sophie Christiane Friederike Brun (1765-1835), qui anima un salon littéraire réputé à Copenhague ; « Being and Breath » d’Emily Brontë (1818-1848), universellement connue pour son unique roman Les Hauts de Hurlevent ; « Jeune fille poëte », sonnet de Marie-Laure Grouard (1822-1843), fille d’un bagnard, née muette et aveugle et morte tuberculeuse à l'âge de dix-neuf ans. Auteure pourtant d’une œuvre littéraire conséquente marquée par Chateaubriand et Hugo. Ces chants sont un hommage mais aussi un cri de révolte, de liberté et d’espoir. L’écriture vocale de Patrick Burgan vise à retrouver, dans leur diversité, les mouvements de l’âme de ces poétesses.
Agrégé de musicologie, premiers Prix de composition, d'orchestration et d’analyse du CNSMD de Paris (classes d’Ivo Malec, Gérard Grisey et Betsy Jolas), plusieurs fois lauréat de l'Institut de France – dont le Prix Pierre Cardin de l'Académie des Beaux-Arts en 1995 – Patrick Burgan fut pensionnaire de la Casa de Velasquez à Madrid de 1992 à 1994. En 1996, il reçoit le Grand Prix de la Fondation Simone et Cino Del Duca et de l'Académie des Beaux-Arts, à propos duquel Henri Dutilleux lui écrit : « J’en suis tout ému et fier car vous savez toute l’estime que j’ai pour votre musique et avec quelle attention je m’efforce de suivre vos créations ». En 2008, c’est le Grand Prix Sacem de la musique symphonique qui viendra couronner l’ensemble de sa production.
L’œuvre de Patrick Burgan, qui compte quatre opéras ainsi que de nombreuses pièces instrumentales, symphoniques et vocales, est régulièrement jouée dans le monde. Elle a été unanimement saluée par la critique qui revient régulièrement sur son énergie solaire et dionysiaque, et son impact immédiat sur l’auditoire. Il faut retenir surtout son caractère indéniablement théâtral, sensuel et expressif. Son dernier opéra Enigma, d’après les Variations énigmatiques d’Eric-Emmanuel Schmitt, sera prochainement créé en France et au Canada. Parallèlement, Patrick Burgan est professeur associé à l'Université Jean Jaurès de Toulouse où il enseigne la composition et l’improvisation.
L’association Alcmène est dédiée à la promotion de la musique de Patrick Burgan.
Œuvre sélectionnée : Introduction à Iðavöllr, pour orchestre
Année de composition : 2013
Création : Le 19 janvier 2014, sur France Musique, dans le cadre de l'émission « Alla Breve », par l'Orchestre philharmonique de Radio France, sous la direction de Pascal Rophé
Interprètes : Orchestre philharmonique de Radio France, sous la direction de Pascal Rophé
Disque : Durchgang
Label : col legno (WWE 1CD 40418)
Plages : n°5, 6, 7, 8 et 9
Partition : Éditions Musicales Artchipel
Commande de Radio France
Avec le soutien de : Ernst von Siemens Music Foundation et Radio France
Avec la contribution exceptionnelle de la Fondation pour la musique Ernst von Siemens qui a fourni gracieusement les disques de David Hudry.
Introduction à I∂avöllr se réfère aux légendes scandinaves, et plus spécialement islandaises, racontées par les Eddas, les mêmes dont s’inspira Wagner dans son cycle tétralogique L’Anneau du Nibelung. L’œuvre de David Hudry comprend cinq brefs tableaux. « Niflheim » évoque un univers glacé et obscur ; la pièce suivante dépeint avec un vocabulaire musical post-varésien le monde sauvage du « Muspellheim » ; entre les deux se situe le « Ginnungagap », espace intermédiaire voilé et inquiétant ; « Ragnarök », d’une écriture pulsée et puissante, dépeint le combat final entre les dieux et les géants qui abolit la puissance des dieux. Enfin, la paix est retrouvée avec « Gimlé ». Ces cinq pièces composent une suite aux sonorités particulièrement riches et diversifiées, à la fois puissantes et extrêmement délicates.
La musique de David Hudry puise son inspiration dans les arts graphiques, notamment dans les œuvres et réflexions de peintres comme P. Klee et W. Kandinsky, M. H. Vieira da Silva ou encore Zao Wou-Ki. Si ces influences sont profondément ancrées en lui, sa musique se fraie désormais un chemin original à travers les thèmes du monde industriel et des villes abandonnées. Cette source d'inspiration visuelle et sonore donne à sa musique un nouveau souffle dans lequel la pulsation, le rythme et le timbre jouent un rôle primordial. Il puise dans les images – celle des friches industrielles et des lieux en déshérence –, et dans la matière sonore brute – celle des industries encore en activité – toute la substance qui donne à sa musique une vitalité et une énergie singulière.
Parallèlement à une formation au Conservatoire de Montpellier, David Hudry a mené des études de musicologie à l’Université Paul Valéry à Montpellier et obtient une Agrégation de Musique en 2002. Il intègre la classe de Composition et Nouvelles Technologies du CNSMD de Paris (E. Nunes, S. Gervasoni, L. Naon) dans laquelle il explore différents outils d’aide à la composition, et obtient son Diplôme de Formation Supérieure en 2008. L’année suivante, il est sélectionné pour la session de composition « Voix nouvelles » de Royaumont. Sa carrière a par ailleurs été couronnée de nombreux prix tels que le Prix « Jeune Compositeur » de la Fondation Ernst Von Siemens en 2016. Particulièrement sensible au rapport entre l’écriture instrumentale, son déploiement et son prolongement dans l’électronique, David Hudry recherche très tôt une forme d’interaction vivante entre l’interprète et la machine, et en fait l’un des axes de son travail de composition. De nombreux festivals se sont intéressés à son œuvre.
Ses œuvres sont éditées par les Éditions Musicales Artchipel.
Œuvre sélectionnée : Báchorky : fables pastorales, pour clarinette, alto, piano et instruments populaires tchèques et moraves
Année de composition : 2016
Création : Le 16 avril 2018, à la Salle Cortot (Paris), par les interprètes du disque
Interprètes : Michel Lethiec (clarinette), Karine Lethiec (alto) et Kryštof Mařatka (piano et instruments traditionnels)
Disque : OrigINnovation, works with clarinet
Label : Arion (AR102)
Plage : n°1 (du début à 11'04'') - Pour découvrir l'œuvre dans son intégralité : Spotify ou Deezer
Partition : Éditions Musicales Artchipel
Co-commande de l'Ambassade de la République tchèque à Paris et de l'Ensemble Calliopée
Avec le soutien de : SCPP, Ensemble Calliopée, Henri Selmer Paris et Vandoren
Báchorky se situe au confluent de la création contemporaine et des musiques les plus archaïques, issues d’un passé immémorial. Le compositeur se montre ainsi bien sensible aux enjeux philosophiques et esthétiques de notre époque fascinée par les origines. « Les Báchorky : fables pastorales mettent en scène huit instruments populaires tchèques et moraves dans une étonnante combinaison avec la clarinette, l’alto et le piano. Spécimens uniques, ces instruments populaires (...) font partie de la collection du compositeur (…). Ils donnent une image plausible de ce que pouvaient être les instruments rudimentaires pastoraux. Le titre de l’œuvre renvoie à un genre issu de la créativité orale tchèque, la báchorka, désignant une histoire inventée, invraisemblable et mystificatrice, qui éveille la curiosité (...). Dans sa composition, Kryštof Mařatka part des caractéristiques des instruments populaires : gamme et étendue restreinte, mode de jeu mélodique modal, des hauteurs parfois aléatoires ou non tempérées, laissant apparaître de micro-intervalles. Il met ainsi en valeur leur couleur naturelle unique et plonge l’auditeur dans un univers d’une envoûtante beauté sonore » (Marianne Frippiat).
Le compositeur tchèque Kryštof Mařatka s’est d’abord formé au Conservatoire de Prague, auprès de Bohuslav Renor et Petr Eben. À Paris, il a approfondi sa formation pianistique avec Jean-Claude Pennetier et a suivi le cursus d’informatique de l’Ircam. Il vit et travaille à Prague et à Paris. La polyvalence, qui marque ses activités artistiques menées entre plusieurs pays, le conduit à créer un lien fort entre univers culturels variés dont il s'inspire ou qu'il interroge, tout en découvrant des voies nouvelles de l'expression musicale. Compositeur, il est aussi chef d’orchestre, pianiste, réalisateur. Ses œuvres se nourrissent de sources variées provenant soit d’univers précis et élaborés – les musiques traditionnelles du monde, la naissance du langage chez l’Homme, la musique et l’art du Paléolithique – soit d’univers plus larges – littéraires (mélodrames), instrumentaux ou pédagogiques (DÉMOS - Philharmonie de Paris, CNSMD de Paris, conservatoires de musique). Divers arrangements et transcriptions complètent le catalogue de ses œuvres.
En tant que chef d'orchestre, Kryštof Mařatka s'est produit avec de nombreux orchestres du plus haut niveau international. Comme pianiste, parallèlement à ses propres œuvres, il met souvent en avant sa passion pour la musique de Leoš Janáček mais aussi pour l'improvisation. Il tente ainsi de sensibiliser le public aux attraits de la création musicale en le faisant participer à l'expérience de la naissance d'une œuvre en temps réel. Il a reçu le Prix Pierre Cardin de l'Académie des Beaux-Arts en composition musicale et un film documentaire a été réalisé et produit en 2007 : Naissance d'un imaginaire (26 min, Karl More Productions) diffusé sur Mezzo.
Ses œuvres sont éditées par les Éditions Jobert et Éditions Musicales Artchipel.
Œuvre sélectionnée : Suite pour violoncelle op. 41 : III, IV et V
Année de composition : 2012
Création : Le 26 janvier 2014, sur France Musique, dans le cadre de l'émission « Alla Breve », par Odile Bourin (violoncelle)
Interprète : Ingrid Schoenlaub
Disque : From Ushant Island to Armenia
Label : AR RE-SE (AR2017-1)
Plages : n°13, 14 et 15
Partition : Furore Verlag
Commande de Radio France
« La Suite pour violoncelle seul op. 41 de 2012 se situe explicitement dans une double descendance, celle d’abord des six Suites de Jean-Sébastien Bach dévolues à l’instrument, celle ensuite des Trois Suites de Benjamin Britten conçues pour Mstislav Rostropovitch (...), en hommage à celles de son illustre devancier. Pas plus que chez Britten, il ne sera ici question de pastiche ou de démarquage stylistique. L’idée même d’un art néo-baroque ne préoccupe pas Florentine Mulsant en tant que nécessité première » (Lionel Pons).
La Suite op. 41 puise son unité profonde dans un contexte tout personnel, puisque le matériau thématique est basé sur les notes ré-la-do-fa correspondant aux lettres (en notation anglaise ou allemande) du prénom PAUL, fils de la compositrice, à la manière de nombreux compositeurs qui se sont jadis fondés sur le motif formé par le nom de BACH. Trois des cinq mouvements ont été sélectionnés. Le sujet de la Fugue (3ème mouvement) est fondé sur les quatre « lettres-prénom ». Comme chez Bach ou Britten dans des passages analogues, l’instrument monodique doit donner l’illusion de la polyphonie. Le mouvement suivant est de nature plus mélodique, avant que le finale, proche de la gigue baroque, ne termine la Suite, toujours éclairé par le « motif-prénom ».
Florentine Mulsant a accompli ses études au CNSMD de Paris et à la Schola Cantorum, où elle obtient en 1987 un Premier Prix de composition dans la classe d’Allain Gaussin. Elle a suivi l’enseignement de Franco Donatoni à l’Academia Chigiana à Sienne (Italie), s’est perfectionnée auprès d’Alain Bancquart et a enseigné l’écriture musicale à l’Université de Paris IV – Sorbonne (1991-1998). Elle a reçu, en 2011, le Prix Nadia et Lili Boulanger de l'Académie des Beaux-Arts. Primées par de nombreux concours internationaux de composition, ses œuvres sont commandées et jouées par des solistes et orchestres de renom. Si elle revendique les influences esthétiques de l'École Française du XXème siècle, notamment Claude Debussy, Maurice Ravel, Olivier Messiaen et Henri Dutilleux, Florentine Mulsant professe un attachement à l’expressivité, à la liberté de langage et à la fermeté du dessin formel.
En 2015, elle a été nommée compositeur en résidence au Conservatoire de Marseille. De 2013 à 2016, elle a été Vice-Présidente de la Commission de la Musique Symphonique à la Sacem. En juillet 2018, elle est nommée compositeur en résidence à l’Académie-Festival des Arcs. Sa discographie comprend, outre un CD de musique de chambre (Ar Ré-Sé, 2007), une participation au CD Musique Française au Féminin (Ensemble Latitudes, Triton, 2012), la Première Symphonie pour cordes op. 32 et les 24 Préludes pour piano (Maestria, 2013). En 2016, est paru l'enregistrement de ses Trois Fantaisies pour violon et harpe op. 48 (Animato), ainsi que celui de la Sonate pour contrebasse et piano op. 52 (Triton).
Ses œuvres sont éditées par Furore Verlag.
Œuvre sélectionnée : Carmagnole, pour ensemble
Année de composition : 2015
Création : Le 22 mars 2015, à Monaco, par l'Ensemble Cairn, sous la direction de Guillaume Bourgogne
Interprète : Ensemble Cairn sous la direction de Guillaume Bourgogne
Disque : Blanc mérité
Label : Æon (AECD 1649)
Plage : n°1
Partition : Maison ONA (cliquer ici pour consulter la partition en ligne)
Commande du Printemps des Arts de Monte-Carlo
Avec le soutien de : MFA, Ircam, D'Addario Woodwinds et Henri Selmer Paris
« Sérénade révolutionnaire donnée sous le balcon de qui finira peut-être à la lanterne. Une guitare de Picasso pourrait avoir ce son-là. Musique d’établi, symphonie de poche. Joueuse et joyeuse, industrieuse et collective, danse en polyptyque, pleine d’appuis. Méditerranéenne. Au mitan de la pièce (à midi, l’heure du mystère lumineux), un mouvement ralenti déploie l’opulence d’accords qui paraissent tout droit prélevés sur la musique spectrale – une tendance de la musique récente de Pesson, comme une persistance de son « surmoi ravélien » passé au prisme de Murail*. Une sarabande frottée au sable, qui s’alanguit sans se débonder, avant qu’un « trait tiré » en crescendo (volte ou copule courante chez lui) n’accouche de la clepsydre à deux temps d'un métronome – le crescendo tragique de Wozzeck** débouchant sur le solo d’un lapin mécanique » (Denis Chouillet).
* Tristan Murail, compositeur né en 1947, co-fondateur et théoricien du spectralisme (NDLR)
** opéra d’Alban Berg, créé à Berlin en 1925. Référence au crescendo de l’intermezzo orchestral précédant le dernier tableau (NDLR)
Gérard Pesson poursuit tout d'abord des études de lettres et de musicologie à la Sorbonne où il soutient une thèse sur « L'Esthétique de la musique aléatoire », avant d'entrer dans les classes de Betsy Jolas et d'Ivo Malec au CNSMD de Paris, où il obtient deux premiers Prix dans les classes d'analyse et de composition. En 1986, il fonde la revue de musique contemporaine Entretemps. La même année, il devient producteur à France Musique. Premier Prix du Studium de Toulouse en 1986 pour Les Chants Faëz, il est Lauréat du concours « Opéra autrement » pour Beau Soir, créé en version de concert au Festival d'Avignon 1989, puis donné en version scénique à Musica en 1990. Il est pensionnaire à la Villa Médicis d'octobre 1990 à avril 1992 et remporte, en 1996, le Prix Prince Pierre de Monaco. Gérard Pesson se consacre plus particulièrement depuis 1988 à la musique de scène. Sa musique offre des caractères très singuliers. Son extraordinaire culture musicale et littéraire lui permet de jouer finement avec les codes et les styles, non sans humour parfois mais toujours avec une écriture claire et précise.
Ses œuvres ont été jouées par de nombreux ensembles et orchestres en France et à l'étranger : Ensemble Fa, 2e2m, Ensemble Intercontemporain, L’Itinéraire, Ensemble Moderna, Ensemble Recherche, Ensemble Ictus, Alter Ego, Accroche Note, Erwartung, Orchestre National de Lyon, Orchestre National d'Île-de-France, etc. Son opéra Forever Valley, commande de T&M, sur un livret de Marie Redonnet, a été créé en avril 2000 au Théâtre des Amandiers de Nanterre. Son opéra Pastorale, d'après L'Astrée de Honoré d'Urfé a été créé à Stuttgart en mai 2006.
Ses œuvres sont publiées par les Éditions Henry Lemoine et la Maison ONA.