Les astrophysiciens nous apprennent que l’univers serait en expansion et qu’inexorablement, les galaxies s’éloigneraient les unes des autres. On pourrait en dire autant des musiques d’aujourd’hui. Si l’on observe l’évolution des musiques savantes en occident depuis un siècle, on ne peut s’empêcher de remarquer que peu à peu, tout langage commun, toute typologie commune, toute référence commune disparaît. Il y a un siècle, de très nombreux compositeurs créaient chacun dans son style propre, Debussy était certes éloigné de Puccini, Rachmaninov de Falla mais enfin, la syntaxe, le vocabulaire et les instruments étaient communs. Une divergence importante vint déjà avec l’atonalité et le sérialisme, mais qui restèrent longtemps exceptionnels dans le paysage international. Aujourd’hui, et c’est un problème récurrent pour le jury de sélection du Grand Prix Lycéen des Compositeurs comme pour les lycées eux-mêmes, l’espace est ouvert comme jamais auparavant. Il serait vain de ramener ces trajectoires divergentes à de simples questions d’écoles ou de générations. Les jurés d’un prix littéraire, Goncourt ou Renaudot, jugent des romans qui, dans leur variété, ont bien des points communs, ne fût-ce que leur caractère narratif et une dimension à peu près calibrée. Chez les musiciens, chaque créateur poursuit désormais sa voie singulière, non cependant sans être à l’écoute des autres musiques, de toutes les musiques. Dans notre sélection, certaines pièces utilisent des moyens électro-acoustiques ou utiliser des sons concrets ; d’autres des effectifs instrumentaux rares, d’autres encore des instruments traditionnels ; un compositeur peut mettre en musique des textes liturgiques ou antiques tandis qu’un autre (et parfois le même), se limitera à des phonèmes. Au contraire des musiques commerciales qui saturent si banalement les oreilles du jeune public, celles-ci doivent au contraire faire éprouver l’ivresse de la liberté et de la création.
Jacques Bonnaure
Le Comité de sélection du 16ème Grand Prix Lycéen des Compositeurs s'est réuni le mercredi 3 septembre 2014 ; il était composé de :
Œuvre sélectionnée : Time & Money, pour percussion et électronique (2004-2006)
Durée : 14’48
Année de composition : 2004-2006
Création : 24 avril 2004 à Paris, Maison de Radio France, par Jean Geoffroy (percussion), dans le cadre de la saison du GRM
Interprètes : Jean Geoffroy, percussion / Pierre Jodlowski, électronique
Disque: direct music
Label : éOle Records (éOr_005)
Plage : n°5
Partition : inédite
Commande de l'INA-GRM
« Cette pièce prend la suite d’une œuvre pour ensemble, People / Time composée en 2003 pour le Festival de Donaueschingen. Elle partage avec elle un même questionnement sur notre société, sur notre rapport aux autres, au temps, à l’argent... Une façon comme une autre de dire cette révolte qui parfois m’habite face à l’absurdité d’un système économique et social à la dérive. Mais cette révolte est ici transposée, canalisée, devenant une trame sous-jacente de l’œuvre. Après une introduction conçue comme un zapping radiophonique faisant émerger le thème de l’œuvre, la musique se déploie par la mise en route d’un cycle, d’un réseau dans lequel le musicien va peu à peu s’immiscer. Basée sur des boucles, des rythmiques simples, des échanges de gestes et de matières, la musique semble contrainte à un processus d’accélération inéluctable, comme notre obsession à vouloir aller toujours plus vite. Conçues comme des présences cinématographiques et donc référentielles d’un autre imaginaire, les voix-off jalonnent l’espace sonore, créent une distance pseudo narrative, raconte le monde par bribes, critique d’un état fracturé de notre temps. »
Après des études musicales au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon Pierre Jodlowski suit le cursus de composition et d’informatique musicale de l'Ircam, puis fonde le collectif éOle — en résidence à Odyssud Blagnac depuis 1998 — et le festival Novelum à Toulouse. Comme compositeur, il se produit en France et à l'étranger dans la plupart des lieux dédiés à la musique contemporaine mais également dans des circuits parallèles, ceux de la danse, du théâtre, des arts plastiques ou des les musiques électroniques, par exemple. Ses activités se déploient aujourd'hui dans de nombreux domaines, et, en périphérie de son univers musical, il travaille l'image, la programmation interactive, la mise en scène, et cherche essentiellement à questionner les rapports dynamiques des espaces scéniques. Il revendique aujourd'hui la pratique d’une musique « active » : dans sa dimension physique (gestes, énergies, espaces) comme psychologique (évocation, mémoire, dimension cinématographique). Ses œuvres sont diffusées dans les principaux lieux dédiés aux arts sonores contemporains en France, en Europe, au Canada, en Chine, à Taïwan et aux États-Unis. Il vit actuellement entre la France et la Pologne.
Œuvre sélectionnée : Litanies pour Ronchamp, pour 2 chantres solistes, ensemble vocal, quatuor à cordes et percussions
Durée : 12’32
Année de composition : 2005
Création : 24 septembre 2005 à Ronchamp, en l’honneur du 50e anniversaire de la chapelle Notre-Dame-du-Haut
Interprètes : Dominique Vellard, Emmanuel Vistorky, chantres / Abel Billard, percussions / Quatuor Parisii / Ensemble Solistes XXI, direction Rachid Safir
Enregistrement : du 14 au 17 mai 2013 à Paris, Temple Saint-Marcel, par Dominique Vellard et Emmanuel Vistorky (chantres), Abel Billard (percussions), Ensemble Solistes XXI [Julie Hassler, Claudine Margely (sopranos) ; Maryseult Wieczorek, Daïa Durimel (mezzo-sopranos) ; Laurent David, Philippe Froeliger (ténors) ; Jean-Sébastien Nicolas, Jean-Christophe Jacques (barytons)], Quatuor Parisii [Arnaud Vallin, premier violon ; Jean-Michel Berrette, second violon ; Dominique Lobet, alto ; Jean-Philippe Martignoni, violoncelle] sous la direction de Rachid Safir
Disque : Litanies pour Ronchamp
Label : Soupir Éditions (S224)
Plages : CD n° 2, plages 3 à 6 incluse
Partition : inédite
Production : Solistes XXI / Soupir Éditions
Avec le soutien de MFA, Adami, Conseil régional de Franche-Comté
Litanies pour Ronchamp est une œuvre de vaste envergure composée pour le cinquantenaire de la chapelle construite par Le Corbusier dans un village de Haute-Saône. De même que l’architecte n’a pas fait table rase du passé – en effet, Notre-Dame-du-Haut ranime des pierres abandonnées, abrite la statue en bois polychrome d’une Vierge datant de la fin XVIIe siècle, et porte sur le campanile de plein air, conçu par Jean Prouvé en 1975, deux cloches survivantes des désastres successifs –, le compositeur offre un ouvrage composite, qui « reflète l’esprit de ces processionnaux du Moyen-Âge, où le peuple et les clercs allaient de chapelles en sanctuaires, s’arrêtant pour chanter une hymne, pour psalmodier une litanie, proposer une lecture, se recueillir pour une prière ». La partition mêle textes grecs, latins et français, et intègre des emprunts à la propre Missa cum jubilo du compositeur, à l’Adagio du Quatuor n° 15 de Beethoven et à l’héritage sacré des siècles précédents – des « fenêtres de réemploi », selon les mots du compositeur – et réunit un ensemble vocal, deux chantres de plain-chant, un quatuor à cordes et un percussionniste.
Textes en français (avec traduction anglaise) : texte de présentation de Gilbert Amy, texte Voyage au fil de l'œuvre de Gérard Condé.
Textes chantés en français, latin et grec (avec traductions française et anglaise).
Gilbert Amy a été l’élève, au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, de Darius Milhaud et d’Olivier Messiaen. Ses premières œuvres datent de 1955. Il a dirigé le Domaine Musical de 1967 à 1974, succédant à Pierre Boulez, et assuré la direction artistique du Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio France de 1976 à 1982 puis celle du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon (1984-2000). Son catalogue de compositeur est riche en pièces instrumentales (piano, orgue, flûte, alto, violoncelle, clarinette, percussions), de chambre (trois quatuors à cordes) et pour ensembles divers. La voix occupe une place toute particulière, depuis Œil de fumée (1956) jusqu’à son opéra Le Premier cercle, quarante ans plus tard. Mais l’orchestre a été également au centre de sa réflexion sur le son et les espaces organisés : Trajectoires, D’un espace déployé, Orchestrahl, Trois Scènes et, plus récemment, L’espace du souffle (2008), pour ne citer que les plus importantes. Il a abordé le domaine électroacoustique à plusieurs reprises : Cette étoile enseigne à s’incliner, Une Saison en enfer (1980), La variation ajoutée (1984) et, plus récemment Cors et cris (Ircam 2012). Ses Litanies pour Ronchamp (2005) ont reçu le Prix du meilleur enregistrement de musique lyrique contemporaine (Académie du disque lyrique) en 2014.
Œuvre sélectionnée : L’Harmonie des Sphères, pour ensemble
Durée : 14'23
Année de composition : 2006
Création : 5 octobre 2006 à Oslo (Norvège) dans le cadre du Festival Ultima, par l'ensemble Court-Circuit sous la direction de Pierre-André Valade
Interprètes : Ensemble Sillages, direction Renaud Déjardin
Enregistrement : du 3 au 6 juillet 2013 à Paris, Temple Saint-Pierre, par l'Ensemble Sillages [Sophie Deshayes (flûte), Jean-Marc Fessard (clarinette), Hélène Colombotti (percussion), Vincent Leterme (piano), Lyonel Schmit (violon) et Séverine Ballon (violoncelle)], sous la direction de Renaud Déjardin
Disque : Harmonie des Sphères
Label : CD Ameson (ASCP 1324)
Plage : n°1
Partition : Éditions Alphonse Leduc
Coproduction : DRAMA / Ensemble Sillages, Le Quartz - scène nationale de Brest, Ameson
Avec le soutien de MFA, Adami, FCM
Passionné d'astronomie, Allain Gaussin entend traduire, en musique et en mouvement, la cinétique des corps célestes tournant sur eux-mêmes, ainsi que les lignes géométriques qu'elles dessinent dans l'espace. Par un dosage très fin des sonorités et un remarquable travail sur les timbres et les textures qui se transforment à mesure, il modèle son matériau et en éprouve les ressorts expressifs au fil d'une trajectoire très étonnante qui captive l'écoute jusqu'au déchirement final — le « trou noir » évoqué par le compositeur — spectaculaire et définitif… L’œuvre est écrite pour un ensemble de six instruments, dont le piano et la percussion, ce qui permet au compositeur de travailler des timbres très originaux. C'est le mouvement continu des astres, parfois agité de turbulences, mais fondamentalement régi par le nombre et l’harmonie, ainsi que l’avait imaginé Pythagore, qui a inspiré cette composition dont l'univers sonore nous invite à voyager dans l'immensité de l'espace.
Allain Gaussin interrompt à vingt ans un cursus de mathématiques-physique-chimie pour commencer des études de musique. Reçu au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, il obtient cinq prix dont le Prix de composition dans la classe d’Olivier Messiaen. Parallèlement, il étudie la direction d’orchestre, la musique électroacoustique au GRM et l’informatique musicale à l’Ircam. De 1977 à 1979, il est pensionnaire de l'Académie de France à Rome, puis il est invité au Deutscher Akademischer Austausch Dienst (DAAD) à Berlin (1984-1985) et à la Villa Kujoyama de Kyoto (1994-1995). A partir des années 80, il enseigne la composition et l’orchestration à Paris et à l’étranger (en particulier au Japon). En 2012, il est nommé Professeur Invité à l’Université de musique d’Osaka et en 2013, Président d’honneur de l’Association franco-japonaise de la musique contemporaine. Actuellement, il enseigne la composition au Conservatoire américain de Fontainebleau. Il est joué dans le monde entier par les meilleurs interprètes. Les plus importantes de ses œuvres pour ensemble (Éclipse, Irisation-Rituel, Mosaïque céleste, Années-Lumière, L'Harmonie des Sphères) témoignent de sa fascination pour l’espace et la physique de l’univers.
Œuvre sélectionnée : Légendes, pour violon, huit voix solistes, ensemble instrumental et électronique
Durée : 12'24 (la partie sélectionnée correspond à l'introduction de l’œuvre (plage 1) ; puis on entend une danse vive pour violon et glockenspiels (plage 9) ; enfin un adagio final construit autour d’une longue mélodie du violon (plage 11)).
Année de composition : 2006
Création : 16 mai 2006 à Marseille, Église Saint-Laurent, par Alexis Galpérine (violon), Les Solistes de Lyon-Bernard Tétu et l’Ensemble 2e2m, sous la direction de Pierre Roullier
Interprètes : Alexis Galpérine, violon / Charles Bascou, informatique musicale Gmem / Ensemble 2e2m, direction Pierre Roullier
Enregistrement : les 24 et 25 avril 2012 à Fresnes, Conservatoire à Rayonnement Départemental, par Alexis Galpérine (violon), Charles Bascou (informatique musicale Gmem), Delphine Cadet, Anne-Marie Jacquin (sopranos) ; Caroline Marçot, Lucile Richardot (mezzo-sopranos) ; Vincent Lièvre-Picard, Edouard Hazebrouck (ténors) ; Jean-Michel Durang, Paul Willenbrock (barytons) et l’Ensemble 2e2m, sous la direction de Pierre Roullier
Disque : Légendes - Poèmes japonais
Label : CD 2e2m Inactuelles
Plages : n°1, 9 et 11
Partition : inédite
Commande du ministère de la Culture et de la Communication et du Gmem (Marseille)
« Si l’on se réfère à l’étymologie latine, le mot légendes vient de legenda, « choses qui doivent être lues », et c’est au violon solo — celui, généreux et chaleureux, d’Alexis Galpérine — que le compositeur confie le rôle du « lecteur », face à huit chanteurs, quatre instruments à vents et un ensemble de percussions. Les fonctions des différents protagonistes sont d’ailleurs clairement réparties dans le déroulement de ce cérémonial étrange autant qu’envoûtant, où l’harmonie microtonale de la ligne de violon, énergétique et fluide, vient très curieusement iriser celle, purement consonante, des huit voix toujours hiératiques ; les quatre vents, le plus souvent solidaires du chœur, confèrent couleurs et profondeur à ce vaste poème litanique articulé en onze numéros. Évoquant à plusieurs reprises l’austérité altière des Symphonies d’instruments à vent de Stravinsky, l’écriture relève d’une sorte d’ « Ars subtilior » éminemment personnel, comme dans le sixième mouvement très impressionnant où les voix d’hommes, lentes et confrontées au timbre fusionnel des cor et trompette bouchée, sont soudainement dominées par les vocalises jubilatoires du hautbois. Les textes, excepté le dernier, en latin, de Saint-Augustin, sont de la plume du compositeur ; parfois simples phonèmes (l’Ouïe), ils ont été écrits en même temps que la musique et se rapportent aux cinq sens, générateurs d’images et de perceptions où semblent se rejoindre le corps et l’esprit ».
Formé au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris auprès d’Alain Bancquart et Gérard Grisey, Laurent Martin utilise la micro-tonalité qu’il met au service d’une recherche de légèreté et de variété des formes. Son catalogue comporte une quarantaine d’œuvres avec une prédilection pour les petites formations (nombreux solos, duos et trios, deux quatuors créés par le Quatuor Arditti, un quintette avec harpe, deux sextuors créés par l’Ensemble Fa et plusieurs pièces pour ensemble et pour orchestre). Après avoir séjourné à la Villa Médicis (1992-1993) à la fondation américaine de la Napoule (194) à Prague (1995) à Thessalonique (1995) puis à la Casa Vélasquez à Madrid (1997-1998), il a reçu le Prix Lili Boulanger de l’Université de Boston (2000), a séjourné un an à Kyôto (2002) avant d’être invité à San-Sebastian et Bayonne (2004-2005) puis au Festival des Arcs (2008). Laurent Martin a composé à plusieurs reprises pour 2e2m qui a publié, en 2001, un CD distingué par les critiques (recommandé par Répertoire, l’Académie Charles Cros..) et un recueil d’entretiens, qui lui a consacré sa saison en 2005 et a interprété dix-huit de ses œuvres dont Iris pour soprano et ensemble, créée en 2010.
Œuvre sélectionnée : The Mosellan psycho, pour vibraphone, marimba et accordéon
Durée : 10’45
Année de composition : 2010
Création : 21 janvier 2011 à Thionville, Salle de l'Adagio, par le Trio K/D/M [Bachar Khalifé (vibraphone), Gilles Durot (marimba), Anthony Millet (accordéon)]
Interprètes : Trio K/D/M
Enregistrement : en 2011 à Metz, l’Arsenal
Disque : The Mosellan psycho
Label : CD PolyChrone
Plage : n°1
Partition : inédite
« The Mosellan psycho est écrit pour une formation insolite que je n’aurais sans doute jamais imaginée sans l’existence de Trio K/D/M…J’avais beaucoup composé pour l’accordéon et j’étais heureux de pouvoir l’associer au vibraphone et au marimba, deux instruments que je connais bien pour les pratiquer moi-même. Les sonorités de l’accordéon se fondent bien dans celles du vibraphone et du marimba. Il prolonge les résonances du vibraphone tout en ayant des possibilités très percussives. L’œuvre est construite sur une mélodie faite d’intervalles en augmentation. On entend, au début, cette mélodie découpée en fragments. C’est la partie A. Ensuite, la première note de la mélodie, un si, est jouée sur un rythme en boucle. Dessus viennent se greffer des motifs construits sur une transformation de la mélodie initiale. C’est la partie B. La suite du morceau est faite d’une alternance de A et de B toujours variés (A’ - B’ ; A’’ - B’’). The Mosellan psycho est une œuvre virtuose, pleine d’énergie. Comme la vie retrouvée ! »
François Narboni s’oriente dans sa jeunesse vers le jazz tout en effectuant un cursus instrumental classique dans un conservatoire. Parallèlement à la pratique du jazz qu’il mène jusqu’à un niveau professionnel, il ne cesse d’écrire de la musique. Il découvre bientôt les œuvres des grands compositeurs modernes et contemporains (Debussy, Stravinsky, Varèse, Messiaen, Boulez, Stockhausen, Reich) et décide de se consacrer entièrement à la composition. François Narboni effectue alors des d’études d’écriture musicale auprès d’Yvonne Desportes puis entre au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris où il obtient un Premier Prix de composition à l’unanimité. François Narboni est l’auteur d’un catalogue de soixante-dix œuvres allant de la pièce soliste au grand orchestre, utilisant la voix et l’électronique musicale.
La musique de François Narboni s’inscrit dans l’héritage de la musique occidentale, du chant grégorien à la musique contemporaine. Outre les compositeurs précités, elle puise aussi chez Pérotin, Monteverdi, Haydn ou Wagner ; dans le jazz, que François Narboni a toujours continué de pratiquer en « amateur professionnel » ; dans les musiques traditionnelles (polyphonies Aka, gamelan Balinais, musiques du Kabuki et du Nô japonais) ainsi que dans les musiques pop-rock écoutées dans sa jeunesse.
Œuvre sélectionnée : Ciudades limitrofes, pour flûtes traditionnelles de l'Amérique du Sud, clarinette, violon, violoncelle, deux percussions et piano
Durée :13’14
Année de composition : 2012
Création : 6 juin 2013 à Paris, Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris, par Leonardo Garcia (flûtes traditionnelles : quena, quenacho, ocarina, zamponias) et l'ensemble Court-Circuit [Pierre Dutrieu (clarinette), Catherine Jacquet (violon), Renaud Déjardin (violoncelle), Jean-Marie Cottet (piano) et Eve Payeur (percussions)].
Interprètes : Leonardo Garcia, (flûtes traditionnelles : quena, quenacho, ocarina, zamponias) / solistes de l’Orchestre National de France, direction de Marc Desmons.
Enregistrement : le 12 décembre 2012 à Paris, Maison de Radio France, Studio 106, par Leonardo Garcia, (flûtes traditionnelles : quena, quenacho, ocarina, zamponias) et des solistes de l’Orchestre National de France : Laurent Boulanger (clarinette), David Rivière (violon), Florent Carrière (violoncelle), Franz Michel (piano), Emmanuel Kurt et Florent Jodelet (percussions), sous la direction de Marc Desmons.
Disque : Ciudades limitrofes
Label : CD Territoire Autonome de la Création (TAC) / Plombage Records
Plages : n°1 à 5 incluse
Partition : Radio France
Commande de Radio France
Tous les jours, consciemment ou pas, nous sommes en rapport avec des territoires inconnus, étranges et pourtant proches. Ciudades limitrofes est une suite en cinq parties où chaque mouvement représente une de ces situations. Dans ces cinq miniatures qu'il a imaginées pour un ensemble composite pour l’émission Alla Breve, il a pris le parti d'associer des instruments traditionnels d'Amérique du Sud et des instruments de notre lutherie classique.
La première miniature Ciudades limitrofes (Villes voisines) a donné son titre à l’ensemble et met en scène l'idée de « l'étranger dans la société, figuré par la quena (flûte traditionnelle d'Amérique du Sud), face à un ensemble représentant la société : cette dernière essaie parfois de l'ignorer, parfois de l'apprivoiser, ou de l'intégrer. De cette lutte découle finalement la question suivante ; qui transforme qui ? L'étranger la société ou la société l'étranger ? »
Dans Tundra, le compositeur évoque « entre les notes » le rapport ambivalent (destructeur-créateur) de l'homme avec la nature.
Dans la troisième pièce, Fleuve mémoire, le mouvement lent de la suite, le flûtiste bolivien Leonardo Garcia joue du quenacho, l'alto de la quena, ainsi que de l'ocarina. « L'univers de la mémoire imaginé comme un fleuve. Dans une atmosphère onirique, la flûte basse réveille des souvenirs qui bifurquent, se métamorphosent, puis s'éparpillent avant de disparaître »
Le quatrième tableau, intitulé Favela, rappelle que « certaines cultures d'Amérique latine utilisaient lors de leurs rituels la répétition pour favoriser la transe et la transcendance. La société moderne développe elle aussi des système répétitifs, mais la transe n'est plus l'objectif avoué ou caché de cette répétition qui conduit parfois à l'aliénation et à la folie… »
Le dernier mouvement, L'Inconnaissable, « m'évoque le monde des dieux, de la religion, qui peut être dans nos sociétés à la fois porteuse de réconfort mais aussi de tension, et parfois d'extrémisme, de fanatisme… »
Gabriel Sivak est un compositeur franco-argentin né en 1979 et résidant à Paris. Il a suivi des études de composition et de musicologie à la Sorbonne et au Pôle Supérieur Paris-Boulogne où il obtient en 2014 son diplôme national supérieur de musicien professionnel avec les félicitations du jury dans la classe d’Édith Canat de Chizy. Il a également été l'élève d'Éric Tanguy et de Philippe Leroux.
Il a reçu plusieurs prix et distinctions pour sa musique, en France comme à l'étranger. Il est lauréat de la Fondation d’Entreprise Banque Populaire.
Gabriel Sivak a reçu des commandes de plusieurs orchestres, ensembles, festivals et institutions et est joué dans de nombreux pays. Son œuvre associe l'héritage de la musique classique, les apports de l'avant-garde et les couleurs des musiques traditionnelles. En tant que pianiste, il est arrangeur pour de nombreux artistes solistes, classiques et traditionnels.
En 2006 il a fondé l'Ensemble Contramarca, qui interprète des créations originales et des airs traditionnels de tango argentin.